Par Simone Toussi et Thomas Robertson |
Face aux problèmes de la sécurité nationale liée au terrorisme, au conflit ethnique, et au crime organisée, le Niger a promulgué une nouvelle loi sur l’interception des communications électroniques, avec des ramifications qui menacent la liberté d’expression et le droit à la vie privée en ligne.
En avril 2020, le Conseil des Ministres nigérien a déposé un projet de loi visant à sécuriser une base légitime pour «les interceptions des communications émises par voie électronique en vue de la recherche des renseignements intéressant la sécurité nationale» (Exposé de Motifs). Le 29 mai, l’Assemblé nationale a adopté à l’unanimité le projet de loi, alors que l’opposition politique a boycotté le vote, arguant que cette loi autorise la surveillance généralisée de communication «sous de fallacieux prétextes, autres que ceux relatifs à la sécurité et la lutte antiterroriste.» Malgré le boycott, le projet de loi est devenu loi en vertu de l’article 58 de la constitution nigérienne, qui spécifie que si un projet de loi reçoit le vote de la majorité absolue à l’Assemblé nationale, il est promulgué immédiatement sauf dans le cas d’un veto présidentiel, ce qui n’a pas eu lieu.
Contexte de sécurité régionale
Le Niger fait partie de la région sahélienne d’Afrique de l’ouest, où les programmes de lutte contre le terrorisme malavisés ont disproportionnellement conduit à la stigmatisation sociale et la violence contre les communautés marginalisées peules. Depuis le début de 2020, plus de 150 personnes, principalement les hommes peuls, ont disparus ou ont été victimes des exécutions extrajudiciaires par les forces de sécurité nigériennes. Le Burkina Faso voisin a été dénoncé aussi pour la cruauté avec laquelle les milices de l’État ont travaillé aux régions peuls, dont l’exécution extrajudiciaire de 12 hommes et l’enquête subséquente que les acteurs de la société civile ont largement critiqué. Bien que le Burkina Faso ne soit pas engagé à l’interception de communication, une loi de 2019 punit les organes de presse qui critiquent les forces de défense burkinabés. Pendant ce temps, le Mali qui partage également une frontière avec Niger, a adopté une loi sur la cybercriminalité en 2019 qui prévoit la surveillance en temps réel par l’interception des communications. Cette loi nouvelle, qui donne l’accès gouvernemental aux données de communication numérique, peut encore aggraver la violence injustifiée actuelle de l’État contre les communautés ethniques à travers le Sahel.
L’autoritarisme numérique
La nouvelle loi entre en vigueur dans le contexte d’un cadre réglementaire qui déjà empiète sur la liberté d’expression des citoyens nigériens. La loi du pays sur la cybercriminalité adoptée en juin 2019 criminalise «le fait pour une personne de produire, de mettre à la disposition d’autrui ou de diffuser des données de nature à troubler l’ordre public ou à porter atteinte à la dignité humaine par le biais d’un système d’information» (Article 31). Cet article était la base d’une répression sur la liberté d’expression en ligne, dont l’arrestation d’une dizaine d’activistes entre mars et avril 2020 après que l’Etat ait intercepté leurs communications critiquant le gouvernement sur WhatsApp et Facebook. En 2016, un militant a été condamné de «complot visant à renverser le pouvoir» après avoir utilisé Facebook pour critiquer l’action antiterroriste du président nigérien Mahamadou Issoufou.
La loi sur l’interception des communications électroniques tente «de concilier l’exercice de cette liberté [d’accéder à l’information] avec les impératifs de sécurité nationale dans un contexte de lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée » (Exposé de Motifs). Elle viole cependant les principes démocratiques en accordant des pouvoirs considérables à l’exécutif du gouvernement. En vertu de l’article 2, seuls le Président, le Premier Ministre, le Ministre de la Défense, le Ministre de l’Intérieur, le Ministre de la Justice, et le Ministre des Douanes sont autorisés de commander une interception de communication. Par ailleurs, selon l’article 6, la commission crée pour superviser l’exécution de la loi – la Commission Nationale de Contrôle des Interceptions de Sécurité (CNCIS) – est composée de sept représentants du gouvernement, à tous ceux qui ont désigné par les membres du cabinet présidentiel.
Selon l’Union international des télécommunications, le taux de pénétration d’internet du Niger était 5,25% en 2018. Ce taux compte parmi les plus faibles au monde, et en Afrique où l’accès à l’Internet n’est plus faible qu’au Burundi, en République Centrafricaine, en Erythrée, en Guinée-Bissau et en Somalie.
Sur le plan de la liberté de la presse, le Niger est dans une situation grave avec la répression actuelle sur la dissidence. En effet, malgré les dispositions législatives en faveur de la liberté des médias sous la loi portant liberté de la presse (Ordonnance 2010-35), le Niger a des antécédents défavorables quant au traitement des médias indépendants comme souligné ci-dessus concernant l’exécution de l’article 31 de la loi sur la cybercriminalité. L’arrestation des journalistes sur des accusations motivées par des considérations politiques est banal, et le COVID-19 a aussi contribué à l’application de la loi contre les journalistes. Par exemple, en mars 2020, Mamane Kaka Touda a été arrêté et détenu pour trois semaines à cause de ses publications sur les réseaux sociaux au sujet d’un cas suspect de COVID-19 dans un hôpital nigérien.
En outre, le rang du Niger sur l’indice de développement humain 2018 a été 189ème sur les 189 pays examinés. Ces indicateurs amènent à se demander pourquoi le gouvernement nigérien se concentre sur la surveillance numérique alors que l’accès à l’Internet est déjà disparate, et que des problèmes de développement socioéconomique plus immédiats menacent le peuple nigérien.
Avec les élections présidentielles imminentes fixée pour décembre 2020, en réalité, l’adoption des lois restrictives liées à l’usage de la technologie par le citoyen suit une logique particulière aux gouvernements autoritaires africains selon un rapport de 2019 sur les dimensions techno-politiques des interruptions d’Internet en Afrique.
La vie privée menacée
La loi sur l’interception des communications électroniques dans son ensemble viole l’article 29 de la constitution nigérienne, qui assure le secret des correspondances et des communications. L’article 2 circonscrit les contours de l’interception: «atteinte à la sûreté de l’Etat et à l’unité nationale, atteinte à la défense nationale et à l’intégrité territoriale, prévention et lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée, et prévention de toute forme d’ingérence étrangère et intelligence avec l’ennemi.» Comme les caractéristiques spécifiques et la nature des communications entrant dans ces grandes catégories ne sont pas définies, cet article peut exposer les citoyens nigériens à la surveillance permanente. De plus, les articles 24, 32, et 33 exigent aux agents publics, aux operateurs de reseaux et aux fournisseurs de services de coopérer avec les opérations d’interception, dont la défaillance entraînerait l’emprisonnement pour une durée d’un à cinq ans et une amende de deux à dix million francs CFA (USD 3 445 à 17 222).
Bien que la loi prévoit en apparence une surveillance indépendante, l’opération d’interception est susceptible de porter atteinte à la vie privée. L’article 11 spécifie que les enregistrements liés à l’interception sont détruits sur l’ordre du président et expirent un mois après que l’ordre d’intercepter les communications soit donné, et les rapports d’enquête sur l’exploitation de l’interception rédigés. L’article 12 peut cependant permettre la sauvegarde prolongée des enregistrements de l’interception pour une durée indéterminée, spécifiant que «les transcriptions d’interceptions doivent être détruites dès que leur conservation n’est plus indispensable à la réalisation des fins mentionnés à l’article 2 [atteinte à la sûreté d’Etat, etc.]» et «il est dressé procès-verbal de l’opération de destruction.»
Avec cette nouvelle loi et la loi sur la cybercriminalité, le Niger rejoint la horde des pays africains dont le Cameroun, le Tchad, le Nigéria et la Tanzanie qui utilise la sécurité nationale comme prétexte pour introduire les législations qui limitent la liberté d’expression et d’opinion, le droit à la vie privée et bien d’autres libertés civiles. L’ancienne maltraitance des voix critiques par l’Etat justifie les réserves sur son objectif apparent de combattre l’activité criminelle et le terrorisme. Si la loi est maintenue, l’on peut s’attendre à plus de violations et d’arrestations contre les voix dissidentes, du moment où le Niger se prépare pour les élections présidentielles en décembre prochain.
‘People With Disabilities Left Out in ICT Jamboree’
By Marc Nkwame |
As more Tanzanians join the digital world of Information Communication Technology (ICT), the majority of people living with disabilities have been left out, according to stakeholders.
It has been observed that in their quest to optimize profits, equipment suppliers, content producers and mobile communication service providers skip the needs and rights of persons with disabilities wishing to access such services.
Speaking during a special awareness workshop for Information Communication and Technology accessibility among persons with disabilities, the coordinator, Paul Kimumwe from the Collaboration on International ICT Policy for Eastern and Southern Africa (CIPESA) pointed out that it is high time countries formulated special laws to ensure that marginalized groups are also catered for when it comes to such services.
“And if countries have such policies in place, there is the need for legislators to push for their execution, as it seems mobile service providers cater only for a physically able clientele,” he specified.
His observation was also reflected in an assessment tool for measuring mobile communication accessibility for persons with physical disabilities deployed among participants during the just ended workshop on how ICT development side-lined people with special needs.
Dr Eliamani Laltaika, a lecturer from the School of Business Studies and Humanities at the Nelson Mandela African Institute of Science and Technology (NM-AIST), said the society’s mentality and personal stigma contribute in how ICT establishments view the needs of disabled persons.
“Unlike in the past, people should now realize that in the modern era, all is needed for a person to be useful is a healthy brain not peculiar appeal,” he cautioned.
According to the Don, it is usually the persons with physical disabilities that can prove to be extremely good intellectually and especially in Information Communication Technology (ICT), which means once empowered they can perform better than their physically fit counterparts.
Participants realized that mobile handsets are designed for people with hands and those with strong eye sights, while traders and phone service providers are yet to import gadgets that can cater for people without sight or hands.
Ndekirwa Pallangyo, representing the regional chapter for the Federation of Disabled Persons’ Associations in Tanzania (SHIVYAWATA), admitted that people with disabilities have been left out in ICT development.
“And the worst part of it is that even persons with disabilities themselves are unaware that they have been side-lined,” he said, underlining that when it comes to attending to the needs of the physically handicapped, it is important to consider individual requirements.
“There are those who are physically fit except for their sight. Others have impaired hearing, some can’t walk while there are those with no hands, etc. therefore each group need to be handled according to needs,” the activist added.
Originally published on IPP Media
In Search of Local Knowledge on ICTS in Africa
By reviewing and comparing literature on the role of ICTs in statebuilding and peacebuilding in Africa, with a particular focus on neighboring Somalia, Kenya, and Ethiopia, this paper examines whether the claims of the transformative power of ICTs are backed by evidence and whether local knowledge – e.g., traditional mechanisms for conflict resolution – is taken into consideration by ICT-based initiatives. Several key findings emerged, including: 1) empirical evidence on the successful use of ICTs to promote peacebuilding and statebuilding is thin; 2) few differences exist between scholarship emanating from the Global North and from Africa; and 3) the literature exhibits a simplistic assumption that ICTs will drive democratic development without sufficient consideration of how ICTs are actually used by the public.
Download the full paper here.
AfricaICTResearch.org: New Portal on ICTs, State and Peace Building Research in Africa
Although the use of Information and Communication Technologies by citizens and governments in Africa is growing exponentially, there is limited evidence of how these technologies are affecting statebuilding and peace building on the continent. Where such evidence exists, it is often in diverse locations and hard to reach for researchers, practitioners, the media and government bodies.
In order to increase access to information on ICTs in Africa, the Centre for Global Communications Studies (CGCS) at the University of Pennsylvania has launched a new website that offers news and updates on research and events related to ICTs, peace building and governance. The portal features a repository of reports and articles with empirical evidence on the role of ICTs in peace building and governance.
In addition, the website offers access to articles typically blocked by journal paywalls by obtaining pre-print versions of articles from authors.
As a partner in CGCS’s project titled “Reframing Local Knowledge: ICTs, State building, and Peace building in Eastern Africa”, CIPESA undertook a review of literature on the role of ICTs in governance, peace-building and state-building in Africa, with a focus on three neighbouring countries: Ethiopia, Kenya, and Somalia.
An increasing number of Africa’s estimated one billion people are accessing modern communication technologies. According to the International Telecommunications Union, as of 2013, internet penetration stood at 16% and mobile access at 63% of Africa’s population.
It follows that online service provision, placing a wide array of information in the public domain, an empowered citizenry that holds leaders to account and smartly embrace ICT, could potentially catalyse peace, democracy and good governance in Africa.
There is a considerable amount of research by scholars, government agencies, civil society, development partners and many more on the use of ICTs in governance in Africa, covering a broad range of definitions and dimensions. A central place to find this research has hitherto been lacking, which is why scholars, practitioners and public officials will find the new portal a vital resource.
The work for the project is being carried out in collaboration with the Programme in Comparative Media Law and Policy (PCMLP) at the University of Oxford, the Centre for Intellectual Property and Information Technology at Strathmore University (Kenya), the School of Journalism and Communication at Addis Ababa University (Ethiopia), CIPESA, The Heritage Institute for Policy Studies and SIMAD University (Somalia).
Read more about the project here.